La Transfiguration du Seigneur

La Transfiguration du Seigneur

Réflexion sur l'évangile de la solennité de la transfiguration de notre Seigneur Jésus-Christ

📖 Lecture de l'Evangile de Jésus, selon saint Matthieu 17, 1-9

Au bout de six jours, Jésus prit avec lui Pierre, et Jacques, et Jean son frère, et les conduisit en privé sur une haute montagne, et fut transfiguré devant eux ; et son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.

Et voici, Moïse et Elie leur apparurent, parlant avec lui.

Et Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu veux, faisons ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.

Et comme il parlait encore, voici, une nuée lumineuse les couvrit. Et une voix sortit de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute ma complaisance ; Ecoute le.

Et les disciples, entendant cela, tombèrent sur leurs faces, et furent très effrayés.

Et quand Jésus vint, il les toucha, et dit : Levez-vous, et n'ayez pas peur.

Et lorsqu'ils levèrent les yeux, ils ne virent personne d'autre que Jésus seul.

Et comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur commanda, disant: Ne racontez la vision à personne, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts.

Nous te louons, Seigneur !

Icône avec la transfiguration. Angelos Anagnostou, XVIIIe siècle.

Homélie du 6 août 1961, La Transfiguration

Mgr. Jean de Saint-Denis (Eugraph Kovalevsky)

Au centre de la Transfiguration se trouve la manifestation de la Divine Trinité : le Fils, la voix du Père, la nuée qui les couvre et qui porte le Père et le Fils et qui porte à travers eux : l'Esprit Saint ; tous trois sont dans la lumière indescriptible et incréée dont les Écritures disent : « Dieu vit dans une lumière inaccessible ».

Cependant, ce n'est pas la Lumière, la Divine Trinité (des trois égaux en un) dont je veux parler aujourd'hui, mais une autre triade, composée de trois inégaux et qui coexistent dans une certaine mesure.

L'apôtre Paul dit : "Sanctifiez le corps, l'âme et l'esprit." Paul distingue une échelle de trois : corps, âme et esprit.

L'Evangile nous présente une autre triade autour du Christ : Moïse qui vient des enfers, d'entre les morts ; Élie, qui vient du paradis ; les apôtres, qui sont sur la terre. Les trois mondes sont représentés, car la lumière de la gloire divine a brillé.

Mais je veux insister aujourd'hui sur une triade qui concerne directement l'existence de l'Église.

Christ prie; son visage devient plus brillant que le soleil, ses vêtements plus brillants que la neige, et il s'entretient avec Moïse et Élie. Tout est spirituel, transfiguré. (Le fait que les apôtres se soient endormis rappelle que le Christ priait la nuit et que la Transfiguration avait lieu la nuit. En fait, le Christ se retirait chaque nuit à six heures pour prier). Voici la première couche : l'Église priante, illuminée, veillante.

Deuxième couche : celle des apôtres Pierre, Jacques et Jean, qui dorment. À un moment donné, à cause de la lumière, ils s'éveillent et voient la Gloire : la couche supérieure de l'Église pénètre et se révèle à eux. Pierre a une réaction matérielle : il veut construire des tentes, "fixer" la gloire divine par une constitution, une organisation, en un lieu, par une théologie scolastique. Les trois sont éblouis, même si Pedro n'est pas le même que cette manifestation. Ils ont la révélation de la Trinité et l'Evangile dit qu'ils se taisent sur ce qu'ils ont vu.

Ces deux couches sont situées au-dessus du Tabor.

Puis le Christ retourne dans la plaine. Là, Il rencontre les neuf autres apôtres, ses disciples, la foule. Un possédé leur avait été amené, mais les apôtres ne purent chasser le démon. Le Christ est déçu de leur incapacité et prononce des paroles amères : « Ô race infidèle et perverse, jusques à quand te supporterai-je ? (Lc 9,41) C'est la troisième couche.

Ces trois couches sont toujours présentes dans l'Église historique. Le haut lieu spirituel où dans une lumière inaccessible le Christ converse avec Moïse, Élie, la multitude de saints dont vous entendez les noms pendant la liturgie, et tous les peuples, toutes les nations qui vivent dans la lumière du Christ, veillant avec Lui ; lieu de vigilance et de prière, de symphonies inconnues, d'êtres éclairés, des intimes de Dieu à qui la Trinité se manifeste - on parle peu de cette Église.

Le lieu où ceux d'en haut ne vivent pas encore dans la lumière : ils n'ont pas encore la force de la vigilance, leurs pulsions sont encore humaines, mais ils peuvent être témoins, ils ont la révélation de la lumière.

La plaine, le lieu de l'incrédulité, de l'absence de vie spirituelle.

Quand on regarde cette dernière couche, on est surpris et on se dit : Seigneur, est-ce possible ? Est-ce votre travail? Sont-ils chrétiens ? Quel manque de foi, quel manque d'élévation, quelle platitude, quelle impuissance dans le monde, quelle faiblesse face au Malin qui veut posséder l'humanité !

Mes amis, si vous voyez l'Église dans la plaine, avec ses évêques, ses prêtres, ses fidèles qui n'ont pas la foi ardente, encore moins la lumière, qui ne peuvent rien contre le mal, n'oubliez pas que cet aspect est affaire d'Église .

L'autre aspect, celui de l'âme, est celui des trois apôtres, endormis mais en contact avec la Sainte Trinité. Mais ne vous arrêtez pas là ! Pierre, Jean et Jacques sont ceux qui peuvent montrer la troisième couche, celle de l'esprit, l'Église où Dieu-Trinité parle aux saints.

Le Thabor resplendissant, la montagne, le Fils de l'homme ; les incrédules, les simples, les possédés... Et si cela vous trouble, souvenez-vous, c'est aussi l'œuvre de Dieu, c'est en Christ. Jusqu'à la fin des temps, le mont Thabor sera toujours dans l'Église, illuminé par la lumière divine, et dans la plaine, les possédés. Quand la fin des temps arrivera, tous, même ceux qui sont en enfer, et les possédés, monteront pour être dans la lumière du Christ et converser avec la Divine Trinité, dans cette conversation éternelle et amicale des intimes du Dieu inaccessible.

A Lui soit la gloire, Père, Fils et Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.